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Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/560

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historiques, fabuleux ou galants, selon les divers caprices de chacun. On couvrait encore de semblables peintures les lits, les siéges, les corniches et, en un mot, tout ce qui meublait ou décorait les appartements. Cette mode fut tellement en faveur pendant nombre d’années, que les meilleurs peintres ne rougissaient pas d’accepter ces travaux que les artistes d’aujourd’hui repousseraient certainement avec dédain. On a vu des joutes, des tournois, des chasses, des fêtes peintes sur les coffres, les siéges et les corniches des appartements du magnifique Laurent de Médicis, par les premiers artistes de son temps. On trouve de ces peintures non-seulement dans le palais et l’ancienne habitation des Médicis, mais encore dans toutes les plus nobles maisons de Florence. Quelques personnes attachent un tel prix à ces vieux meubles, qu’elles les préfèrent aux modernes.

Dello, étant donc très-habile dans ce genre, ne fut occupé, pendant plusieurs années, qu’à peindre des coffres, des siéges, des lits et d’autres meubles. On peut dire que c’était là sa véritable spécialité. Comme ici-bas une chose, si belle et si louable qu’elle soit, ne peut durer toujours, la mode a adopté depuis des ornements plus riches, des sculptures dorées et des peintures à l’huile qui offrent aux citoyens l’occasion de déployer leur magnificence, et aux peintres de montrer leur talent. Mais, pour revenir à Dello, il fut le premier qui se fit un nom par ces travaux. Il peignit, entre autres choses, pour Jean de Médicis, un ameublement complet que l’on admire beaucoup. On dit