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DONATO.

les Héliogabale. Commode, cet autre insensé qui s’enivrait de volupté à couper un homme en deux pour en fouiller les entrailles[1]. Septime Sévère, qui contraignait les sénateurs à faire de Commode une divinité. Monstre encore plus affreux que Tibère, incestueux encore plus criminel que Caligula, histrion, incendiaire, fratricide, parricide comme Néron, Caracalla fut l’amant de sa mère, le bourreau de son père, de son frère, de sa femme et de vingt-quatre mille citoyens. Ce bâtard d’un Africain et d’une hétaïre phénicienne se croyait un autre Achille. Il alla dévotement visiter les ruines de Troie, et afin d’avoir, comme le fils de Pélée, la mort d’un ami à pleurer, il empoisonna son affranchi Festus qu’il aimait plus qu’un frère. Il posa lui-même le cadavre sur un bûcher haut de cent pieds, et, pour compléter la parodie, à l’exemple du plus beau des Grecs qui s’était dépouillé de sa blonde chevelure sur le corps de Patrocle, notre bouffon, laid, petit et difforme, s’arracha deux ou trois cheveux qui erraient sur son crâne dévasté par de sales voluptés[2].

Si l’art ne put se régénérer sous l’impuissant Macrin, voyons ce qu’il devait attendre d’Héliogabale, ce jeune prêtre du soleil, à qui sa ravissante beauté, que l’on comparait à celle de Bacchus, valut le

  1. Obtunsi oneris pinguem hominem medio ventre dissecuit, ut ejus intestina subito funderentur.Hist. Aug., pag. 128.
  2. Quumque esset raro capillo, et crinem quæreret ut imponeret ignibus, deridiculo erat omnibus : cœterum quos habuit capillos tamen totondit. — Herodian., lib. iv. pag. 310-311.