Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/795

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
242
DONATO.

sceptre de l’univers. Le Syrien Héliogabale, les paupières et les ongles peints, les joues et les lèvres vermillonnées, le front ceint d’une tiare étoilée de diamants, le cou ruisselant de perles, les bras chargés de bracelets d’émeraudes et de rubis, les pieds chaussés de sandales ornées de pierres gravées, le corps serré dans une tunique d’étoffe d’or jetée sur une robe de soie à la phénicienne ; Héliogabale accompagné de magiciens, de devins, d’astrologues, d’hétaïres, d’eunuques, de chanteurs, de danseurs, de nains et de naines revêtus de costumes étranges, marchant à reculons et baladant devant une pierre triangulaire consacrée au soleil ; Héliogabale franchit les vieilles murailles romaines, pour donner à la ville éternelle un spectacle suprême et inouï qui écrase l’imagination. Héliogabale voulut surpasser ses prédécesseurs par ses prodigalités, ses prostitutions, ses infamies de tout genre ; on dirait qu’il voulut montrer jusqu’où peuvent aller l’iniquité et la folie. Pour promener ce jeune enfant, qui ne portait jamais deux fois la même robe, la même chaussure, la même bague[1], qui ne s’approchait jamais deux fois de la même femme[2], qui ne donnait que sur des coussins remplis du duvet caché sous l’aile de la perdrix[3], les jardins, les voies, les parcs des empereurs n’étaient pas assez

  1. Calceamentum nunquam iteravit ; annulos etiam negatur iterasse ; pretiosas vestes sæpè conscidit. — Lamprid., Vit. Heliogab. pag. 112.
  2. Mulierem nunquam iteravit præter uxorem. — Id, pag. 109.
  3. Nec cubuit in accubitis faciiè, nisi iis quæ pilum leporinum haberent, aut plumas perdicum, sub alares culcitras, sæpè permutans. — Id., p. 108.