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ANTONELLO DE MESSINE.

tino, que poètes, biographes et chroniqueurs flamands et hollandais lui servent d’échos. Lampsonius[1], Charles Van-Mander[2], Pierre Opmeer et Laurent Beyerlinck[3] le pillant à l’envi, promulguent et confirment le brevet d’invention que, de sa propre autorité, il a décerné à Van-Eyck. Selon l’usage, il faut jeter de légères broderies sur le canevas que l’on emprunte ; aussi Van-Mander, pour compléter le travail de Vasari, l’enjolive de dates qu’il pose avec un aplomb merveilleux : « Par tout ce que je puis trouver ou conclure, dit-il, la découverte de la peinture à l’huile de Jean eut lieu l’an 1410. » (Der tydt wanneer Joannes de oly verve gevonden heeft is gheweest by al dat ick vinden en overlegghen can in An. 1410). Cette date, impudemment avancée par Van-Mander, a été inconsidérément accueillie par les écrivains modernes, qui n’ont tenu aucun compte des faits consignés dans le Chronicon Belgicum, par Albertus Miræus, qui affirme que les tableaux à l’huile étaient connus en Belgique avant le quinzième siècle, et ajoute que l’on en voyait un, entre autres, dans l’église des Franciscains de Louvain[4]

  1. Eulogia in effigies pictorum celebrium Germaniæ inferioris. Anvers, 1572.
  2. Van-Mander, Schilderbœk.
  3. Opus chronologicum.
  4. On lit dans cette chronique : Joannes Eyckius et frater ejus Hubertus, pictores eximii, Brugis florent. Horum alter Joannes oleo ex lini seminibus extuso picturæ colores primus miscuisse atque æternos, ut sic dicam, adversus ævi injuriam reddidisse creditur. Præclarum hoc inventum plerique ad an, 1410 referunt ; sed ante annum 1400 illud in Belgis saltem apud