Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
ANTONELLO DE MESSINE.

Mais nous n’avons pas besoin d’aller chercher la preuve de toutes ces erreurs autre part que dans le manuscrit dont nous avons déjà parlé. Nous y verrons expliquée de la manière la plus claire la méthode de peindre à l’huile, telle qu’elle est encore aujourd’hui pratiquée. En effet, Théophile, à la fin de son vingt-deuxième chapitre, intitulé : De petula stagni, s’exprime ainsi : Accipe colores quos imponere volueris, terens eos diligenter oleo lini sine aqua, et fac mixturas vultuum ac vestimentorum sicut superius aqua feceras, et bestias, sive aves aut folia variabis suis coloribus prout libuerit. » Maintenant, dites-nous, le secret tout entier de la peinture à l’huile n’est-il pas renfermé dans ces lignes, si, comme nous sommes assez portés à le croire, il ne consiste qu’à broyer et à mêler les couleurs avec une huile siccative, telle que l’huile de lin, recommandée par Théophile ? D’où vient donc que l’on dépouille notre moine du mérite de son invention, pour en revêtir Jean de Bruges ? Les raisonnements les plus alambiqués, les plus contraires au bon sens et peut-être à la bonne foi, ont seuls déterminé à commettre cette criante injustice. La méthode de Théophile est incomplète et impraticable, nous dit-on. Il l’avoue lui-même en reconnaissant que « l’on ne pouvait étendre une couleur sur un panneau si la couleur employée

    pictores quosdam in usu fuisse convincunt vetustiores tabellœ coloribus oleo mixtis depictœ, atque in his una quæ in templo Franciscanorum Lovanii spectatur, cujus quidem auctor sive pictor an. 1400 notatur obiisse.