Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/356

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qui que ce soit tout ce que l’on peut attendre de cet art. Mais il se plut principalement et il excella à graver des médailles qui peuvent être comparées à celles de Caradosso (1). On lui doit celles du pape Jules II, de Giovanni Bentivoglio et d’une multitude de princes qui s’arrêtèrent à Bologne. Il modelait d’abord en cire les portraits de ces personnages, et, lorsqu’il avait achevé les matrices de ses médailles, il les leur envoyait ; ce qui, outre la renommée, lui valut de riches récompenses. Tant qu’il vécut, il dirigea la Monnaie de Bologne, dont il fit tous les coins sous les Bentivogli et même sous Jules II, comme le témoignent les pièces de monnaie que ce pontife jeta à son entrée, et qui portaient d’un côté l’effigie de Sa Sainteté, et de l’autre côté les mots suivants : Bononia per Julium à tyranno liberata. Le talent du Francia fut si bien apprécié, qu’il continua de remplir cet office jusque sous le pape Léon, et ses monnaies sont encore si estimées qu’aujourd’hui on ne peut les obtenir à prix d’argent.

Mais le Francia ambitionnait une plus large gloire. Ayant connu Andrea Mantegna et beaucoup d’autres peintres, auxquels leur art avait procuré honneur et profit, il résolut d’essayer si la peinture lui offrirait plus de difficultés que le dessin qu’il possédait, sans contredit, au même degré que les plus habiles maîtres. Il commença par des portraits et d’autres choses de peu d’importance, et s’entoura de gens capables de lui enseigner les secrets du coloris. Grâce à son intelligence, ses progrès furent