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Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/450

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que nous disons du Bramante en est une suffisante explication, que l’élève produit souvent avant son maître. Ce qui montre combien de rapports naturels et précieux l’ordre chronologique peut altérer ou briser, si on l’applique en rigueur dans une histoire de l’art.

Toutes ces considérations nous portent à croire qu’il y a une excellence involontaire dans le livre du Vasari ; qu’il a été plus heureux, dans son manque d’ordre, qu’il ne méritait de l’être, et que, pour s’être moins efforcé que d’autres, il a plus justement atteint le but. Dans son paresseux pêle-mêle, l’histoire de l’art italien conserve au moins son unité. Elle marche de front, et tout irrégulière que soit son allure, elle est seulement chez lui vivante, et digne de son objet par les nobles et solides impressions qu’elle en donne.

Cependant, il faut dire que si le Vasari s’est abstenu de toute méthode dans son recueil, il n’a pas été sans songer à y introduire quelques utiles divisions. Il a cru devoir marquer dans l’art italien, depuis sa renaissance, trois phases distinctes.

La première embrassant les travaux de Cimabué, d’Arnolfo di Lapo, de Niccolà et Giovanni Pisans, de Gaddo Gaddi, de Giotto, d’Agostino et d’Agnolo de Sienne, de Buffalmacco, d’Orcagna, de Spinello d’Arezzo, d’Antonio de Venise, etc., etc.

La seconde comprenant ceux de Jacopo della Quercia, de Luca della Robbia, de Paolo Uccello, de Ghiberti, de Masolino da Panicale, de Masaccio, de Brunelleschi, de Donatello, de Pier della Francesca, du Fiesole, de Leone Batista Alberti, de Filippo Lippi, d’Andrea del Castagno, de Giovanni Bellini, de Verrochio, de Mantegna, de Perugino, etc., etc.

La troisième enfin, comprenant ceux du Vinci, du Giorgione, du Corrége, du Bramaiite, de Baccio, des San-Gallo, de Raphaël, de Sansovino, d’Andrea del Sarto, du Rosso, du Parmesan, de Jules Romain, de Michel-Ange, de Titien, de Peruzzi, de Perino del Vaga, de Polidore de Caravage, etc., etc.

Le Vasari attribue à chacune de ces trois séries d’artistes un mérite propre, une physionomie particulière, et une fonction différente accomplie dans l’art. On pourrait résumer toute la substance