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Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/272

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son œil pénétrant vit que les temps de la peinture étaient passés, et que l’art ne pouvait plus promettre à sa vaste ambition qu’un rang secondaire, et à son inquiète curiosité que des solutions déjà connues. En effet, les causes qui avaient assuré le développement des arts, en Europe, n’agissaient plus avec la même énergie. Rome avait vu terminer Saint-Pierre et le Vatican, elle avait restauré ses ruines, exhumé ses statues, et les papes ne pouvaient plus rien ajouter à sa magnificence. D’ailleurs ils n’avaient plus les mêmes soins et les mêmes ressources, au milieu de la chrétienté en dissolution. Les Médicis, devenus soupçonneux, travaillaient à l’abrutissement de Florence, et leurs caprices avaient remplacé le goût national et fermé les concours ; Venise voyait décroître sa puissance et son école ; François malgré les magnifiques prémices qu’il avait obtenues, n’avait pu naturaliser l’art italien en France, et pour en dire davantage et nous mieux faire comprendre, l’Académie de Saint-Luc venait de s’ouvrir à Rome, en 1550, et l’Académie de Florence en 1563. Raphaël continué devait aboutir à Carle Maratte, et Michel-Ange à Carlo Dolci. La prédiction de Michel-Ange devait s’accomplir : « Ma science enfantera des maîtres ignorants. » Ces maîtres ignorants, promis par la malédiction de Michel-Ange, nous les avons vus, pendant quelques années, s’acharnant à une imitation stupide, travestir toutes les données artistiques du grand maître, et remplacer par la sécheresse et l’exagération l’ordre et l’ampleur dans lesquels il faisait consister sa saine doctrine. Imitateurs super-