Page:Vattel - Le Droit des gens, ou principes de la loi naturelle, 1758, tome 1.djvu/88

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PREFACE.

Naturel des particuliers. Il loüe ſeulement la méthode de Buddeus, diſant, « que cet Auteur a eu raiſon de marquer (dans ſes Elementa Philoſ. pract.) après chaque matière du Droit Naturel, l’application qu’on en peut faire aux Peuples les uns par rapport aux autres ; autant du moins que la choſe le permettoit ou l’exigeoit[1], » C’étoit mettre le pied dans le bon chemin. Mais il falloit de plus profondes méditations, & des vûës plus étenduës, pour concevoir l’idée d’un Syſtême de Droit des Gens Naturel, qui fût ainſi comme la Loi des Souverains & des Nations ; pour ſentir l’utilité d’un pareil Ouvrage ; & ſur-tout, pour l’exécuter le premier.

La gloire en étoit réſervée à M. le Baron de Wolf. Ce grand Philoſophe a vû que l’application du Droit Naturel aux Nations en Corps, ou aux États, modifiée par la nature des Sujets, ne peut ſe faire avec précipsion, avec netteté & avec ſolidité, qu’à l’aide des Principes généraux & des notions directrices, qui doivent la régler ; que c’éſt par le moyen de ces Principes ſeuls que l’on peut montrer évidemment, comment, en vertu du Droit Naturel même, les déciſions de ce Droit à l’égard des particuliers doivent être changées & modifiées, quand on les applique aux États, ou Sociétés Politiques, & former ainfi un Droit des Gens naturel & néceſſaire[2] : D’où il a conclu qu’il étoit con-

vena-
  1. Note 2. ſur Pufendorf Droit de la Nat. & des Gens, Liv. II. Chap, III. §. XXIII. Je n’ai pû me procurer l’Ouvrage de Buddeus, dans lequel je ſoupçonne que Barbeyrac avoit puiſé cette idée du Droit des Gens.
  2. S’il n’étoit pas plus à-propos, pour abréger, pour éviter les répétitions, &