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éloge

du royaume, et à former de nouveaux projets, il eut besoin d’avoir encore quelque autre occupation, et, il se la donna selon son cœur. Il commença à mettre en écrit un prodigieux nombre d’idées qu’il avait sur différens sujets qui regardaient le bien de l’État, non-seulement sur ceux qui lui étaient les plus familiers, tels que les fortifications, le détail des places, la discipline militaire, les campemens, mais encore sur une infinité d’autres matières qu’on aurait crues plus éloignées de son usage, sur la marine, sur la course par mer en temps de guerre, sur les finances même, sur la culture des forêts, sur le commerce, et sur les colonies françaises en Amérique. Une grande passion songe à tout. De toutes ces différentes vues, il a composé douze gros volumes manuscrits, qu’il a intitulés ses Oisivetés. S’il était possible que les idées qu’il y propose s’exécutassent, ses oisivetés seraient plus utiles que tous ses travaux.

La succession d’Espagne ayant fait renaître la guerre, il était à Namur au commencement de l’année 1703, et il y donnait ordre à des réparations nécessaires, lorsqu’il apprit que le Roi l’avait honoré du bâton de maréchal de France. Il s’était opposé lui-même, quelque temps auparavant, à cette suprême élévation, que le Roi lui avait annoncée ; il avait représenté qu’elle empêcherait qu’on ne l’employât avec généraux du même rang, et ferait naître des embarras con-