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Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/295

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RABAO

mains. — Ce matin, j’ai bien prié. Ce soir, j’ai fait reposer mes enfants et, pendant ce temps, j’ai fait mon chemin de Croix. Nous sommes allés ensuite au bord de la mer pour y faire la lecture spirituelle et parler un peu de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Pour la première fois, aujourd’hui, son drapeau flotte à côté de celui du Sacré-Cœur. »

V

Quelques jours après, le Père jette le grand cri de détresse : « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons[1] ! » Que faire ? Aller dans la grande terre, en pleine Nouvelle-Guinée, « chercher à manger ».

Au moment de partir, il est obligé de s’aliter, en proie à une fièvre qu’il ne peut maîtriser. « Mon Dieu, que d’épreuves ! Je suis au lit, mes deux Frères également, plus malades que moi peut-être. Domine, ad adjuvandum me festina. » Le 23, en la fête du Saint-Cœur de Marie, il écrit : « Je suis guéri, me semble-t-il. Les Frères vont mieux. Le bon Maître est admirable à nous donner jour par jour notre petite nourriture. C’est un miracle perpétuel, car nous n’avons absolument plus rien. » Puisque le bateau n’arrive pas, il faut aller sur la terre ferme et y acheter des provisions pour un mois.

Mais, deux difficultés se présentent. Point de barque et plus d’objets d’échange. D’autre part, les habits sont en lambeaux. Le frère Nicolas qui devait accompagner le Père, traîne aux pieds on ne sait quoi qui fut jadis une paire de souliers. Ses genoux passent à travers son pantalon. Son chapeau n’a ni forme ni couleur. Le P. Verjus est à peu près dans le même costume. Voilà pour les personnes. Comment s’embarquer ? Le chef Raouma avait bien vendu aux Missionnaires une vieille pirogue ; mais, s’il n’en avait plus la propriété, il s’en réservait l’usage. Or, précisément en ce moment où ils en avaient un besoin

  1. Journal, 18, 19 juillet.