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Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/304

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LA TERRE PROMISE

disposition pour visiter les côtes et choisir votre emplacement. Quand vous aurez arrêté votre choix, le steamer vous ramènera et sera de nouveau à votre disposition pour le transport de vos bagages en mars prochain. » À de telles ouvertures, la stupeur du P. Verjus fut grande et sa douleur profonde. Comment pourrait-il être question d’une fondation nouvelle, quand on a jeté dans les fondements de la Mission de Rabao tant de sueurs et tant de larmes ! Tout en parlant, le Père faisait visiter au capitaine les travaux entrepris : les routes, le puits, les constructions… Est-ce que tout cela ne compte pas ! Et ses deux compagnons malades, lui-même épuisé et ruiné !… Est-ce que tout cela peut être non avenu ! « Au surplus, monsieur le capitaine, je n’ai point qualité pour donner une réponse quelconque. Seul, le R. P. Navarre peut prendre la parole. Sans lui je ne puis rien, sinon vous dire que l’abandon d’Yule serait pour nous un sacrifice immense. » Sir Musgrave paraissait embarrassé. « Ce n’est pas un ordre du général, dit-il, mais un conseil. Suspendez vos travaux… Vous n’aurez rien à regretter. » Au courant de la conversation, le capitaine avoua au P. Verjus qu’on avait jeté les yeux sur l’île pour y établir une ferme-modèle d’après les plans de l’explorateur italien, Louis d’Albertis. Le Père répondit que justement ces vues étaient celles du P. Navarre. Avec le temps on ouvrira des écoles, des orphelinats et même des hôpitaux. Des religieuses viendront en aide aux Missionnaires. À ce nom de religieuses : « Vous avez donc aussi des Sœurs ? demanda le capitaine. Est-ce qu’elles ne pourraient pas venir à Port-Moresby ? — Assurément, lorsque nous nous y établirons nous-mêmes. Jusqu’ici nous n’avons pas voulu aller à Port-Moresby, afin de ne point porter ombrage aux protestants. Quand le P. Navarre m’a envoyé ici, il ignorait la présence d’un « teacher » sur la côte ». Le capitaine fut très poli et même bienveillant. Cependant, le P. Verjus comprit que le départ des Missionnaires était irrévocablement décidé.