Page:Verchères - Aventures de cow-boys No 1 - L'or maudit, 1948.djvu/6

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— Tu es sûr de l’avoir expédié dans l’autre monde ?

— Oui, et s’il n’est pas mort à l’heure actuelle, il ne vaut guère mieux qu’un cadavre en tout cas…

Baptiste s’était approché du cow-boy vantard.

— Au nom de la loi, Monroe, je t’arrête, dit le chef.

Artie sortit ses deux colts.

Mais il ne fut pas assez rapide.

Le vieux Verchères cracha deux coups de feu.

Les colts de Monroe lui glissèrent des mains.

Le chef dit :

— Je t’arrête pour vol de cheval.

Dans un silence respectueux, les cow-boys laissèrent sortir le vieux chef et son prisonnier.

Marchildon sortit le dernier, à reculons, pour couvrir l’arrière de son supérieur.

La nuit même, Monroe réussit à s’évader.

La bande à Dougald se trouvait, de par la loi non écrite de l’Ouest, avoir déclaré la guerre au chef de police de Squeletteville.

Baptiste pensa :

— Et le prêtre qui s’en vient, ça va être beau !


CHAPITRE II

L’ABBÉ TACHÉ


Ce n’était pas un chemin.

Non.

Les voitures, lourdes mais rares, n’avaient pas réussi avec leurs roues à tuer l’herbe et à faire paraître la terre ; elles avaient simplement aplani le foin en deux traces imprécises.

Deux chevaux percherons aux muscles de fer et à la prestance pesante, tiraient et hâlaient une grosse ouaguine aux roues de cercle d’acier de trois quart de pouce d’épaisseur.

Sur le siège à l’avant de la ouaguine étaient assis un homme et une fille.

L’homme, dans la trentaine à peine, avait une figure dont la douceur était contrariée par des sourcils épais et une forte et dure barbe noire.

Sa soutane en faisait un prêtre catholique.

La jeune fille qui l’accompagnait était jolie à croquer avec ses fossettes, son nez retroussé et ses yeux pétillants de gaieté.

— Oncle Taché, dit-elle, regardez comme c’est beau !

Autour d’eux la plaine ondulait gracieusement sous la caresse chaude de rayons du soleil.

L’abbé Taché soupira :