Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/178

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Nous l’avons enterré par un minuit lunaire,
Dans un site merveilleux.

Nous l’avons mis sur nos épaules fraternelles,
Y maintenant sa bière avec nos larges mains.
Des flambeaux allumés éclairaient les chemins
Au long de roches éternelles.

Nous étions comme heureux de le sentir encor
Une dernière fois en son cercueil de hêtre
Nous toucher presque et comme agir de tout son être
Très doucement, contre nos corps.

Nous l’avons longuement couché sous de beaux arbres
Au penchant d’un coteau par la sauge strié ;
Son tombeau fut orné d’un rameau d’olivier
Et recouvert par de blancs marbres.

Ceux de sa compagnie ont voulu que sa croix
Ne fût que deux tronçons d’un pauvre et frêle arbuste
Ils ont inscrit son nom sur une planche fruste,
Prenant pour encre un peu de poix.