Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/206

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Pourtant,
Il n’est point encore né l’instant
De te fêter avec mon âme pavoisée,
Belle vie immense et apaisée
Des campagnes, des monts, des grèves et des îles ;
Le haut bonheur humain est en pressant danger.
Trouvant le large espace à son vol indocile
L’aigle teuton tient en ses serres
La terre
Et l’épuise pour s’en venger :
« Que la victoire ait l’épouvante pour compagne ;
Que tout soldat soit brute et lâche avec fureur ;
Et qu’aujourd’hui encore, il songe et fasse honneur
À ses aïeux, les Goths, les Huns et les Hérules ! »

Allemagne ! Allemagne !
Ô faiseuse de crépuscule !
C’est donc bien là le cri qui sort de tes montagnes,
Le même, hélas ! depuis mille et mille ans !
« Il faut vaincre, en isolant,