Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/218

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Ta race de marins en peuple de soldats ;
Londre oublia Carthage et se souvint de Rome,
Si bien qu’un jour, son île héroïque trembla
Du long pas cadencé de quatre millions d’hommes.

Et pour qu’à l’avenir tes foules peu dociles
Ne pussent retourner au dangereux passé,
Tu serras dans l’étau d’une loi immobile
La vaillance et le zèle en leur cœur condensés.
La guerre entra volante et brusque en tes usines ;
Elle y mêla pour la bataille et ses enjeux
Étain et fer, acier et plomb, huile et résine
Et l’orage ordonné des gestes et des feux.
Ton esprit replié et tassé sur lui-même
S’ouvrit enfin à l’ample et pressante clarté ;
Il fut comme arrosé d’un merveilleux baptême
Par le péril, l’angoisse et la nécessité.
Ta force lente et vieille en fut remaniée ;
Tout lui devint et renaissance et changement.