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GUILLAUME

Depuis qu’il fut soldat
Mon fils est revenu des pays de là-bas,
La tête pleine
D’un tas de mots nouveaux que je ne comprends pas,
On croirait bien qu’il perd l’haleine
Quand il les dit,
Si longs et si nombreux sont-ils !
Et son aîné qui tient ma ferme
Commence peu à peu à penser comme lui.
Son cœur est pris, l’erreur y germe ;
J’étais jadis son guide et parfois son appui.
Mais aujourd’hui,
Si je lui parle et s’il m’écoute,
Ce n’est que pour se taire et suivre une autre route
Que celle où j’ai marché !
Ainsi dernièrement a-t-il vendu son seigle
Et tout son blé fauché