Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bientôt, j’alignerai sous les longs toits de verre,
Très à l’abri des froids soudains et meurtriers,
Le feuillage noir et touffu de mes lauriers
Et je m’enfermerai avec eux dans la serre.
Alors des soins nombreux, précis et délicats
Occuperont mes jours auprès des plantes rares,
Si bien qu’on me prendra souvent pour un avare
Qui caresse les ors cachés de ses ducats.
Mes doigts durcis et gros, mes larges mains hâlées
Prépareront la noce en blanc des azalées
À l’heure où mord le givre et travaillent les vents ;
Et l’humble cyclamen et le haut lis fervent
Et les géraniums et les fuchsias tristes
Dévoileront aux yeux quels sont mes goûts d’artiste.


LE BERGER

Nos pieds ne marchent pas dans le même sentier,
Mais vous aimez trop bien les choses que vous faites