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Ceux du Trentin et des Romagnes
Raillent ceux du Danube et de l’Elbe et du Rhin
De vivre et de pourrir en des marais de suie
Et de n’avoir chez soi que les vents et la pluie
Et des loques de brume à se couvrir les reins.
Peu importe que les savants le leur démontrent,
Eux ne croiront jamais à l’heureuse rencontre
Au fond d’un sol hostile, aveugle et torturé ;
On creusera chacun un tunnel séparé
Et le travail sera d’autant plus long et sombre
Dans l’ombre.

Pourtant, après des jours et puis encor des jours
Et des nuits et des heures sans nombre,
Un soir, comme on s’assied en rond pour le repas,
Quelqu’un qui s’est calé dans une énorme entaille
Prétend
Que son oreille entend
Battre le bruit sourd et rythmé d’un pas
Dans les pierres de la muraille.