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Et quand toute son œuvre, un jour, sera parfaite
Et qu’il ne sera plus qu’un végétal brasier
Serrant en son feuillage un arbre tout entier,
Immensément, depuis le pied jusqu’à la tête,

Il voudra plus encore, et ses plus fins réseaux,
N’ayant plus de soutiens, s’élanceront quand même,
Dieu sait dans quel élan de conquête suprême,
Vers le vide et l’espace et la clarté d’en haut.

Déjà l’automne aura mêlé l’or et la lie
Au funéraire arroi qui précède l’hiver,
Que lui, lierre touffu, compact et encor vert,
Jusqu’au vol des oiseaux dardera sa folie.

Alors, plus libre et clair que ne l’est la forêt,
Il oubliera gaîment qu’il lui est tributaire,
Mais, qu’il boive un instant la plus haute lumière,
Qu’importe qu’il s’affaisse et qu’il retombe après.