Page:Verhaeren - Les Flammes hautes, 1917.pdf/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Quelques-unes frôlent et froissent
Et sont fines et sont sournoises ;
Il s’en trouve dont les hauts flancs
Sonnent d’un bruit fatal mais franc ;
Celles-ci rampent sous la terre ;
Celles-là montent jusqu’aux tours ;
Tandis qu’au feu soudain des fours
D’autres, dans l’ombre et la poussière,
S’éclairent
Et paraissent à tel moment
Grandir immensément
Au passage de la lumière.

Dans l’air farouche et violent des ateliers,
Elles sont l’homme infiniment multiplié ;
D’un bruit tenace, ardent et unanime,
Elles fouillent le sol et remplissent l’abîme :
La houille est mise à nu et tout à coup, par blocs,
Le marbre et le granit sont arrachés aux rocs.
Et là-haut dans le ciel, se dressent les structures
De larges treuils mettant la terre à la torture.