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Dorer un horizon ou rosir un nuage ;
Marcher près de la mer et chanter sur la plage ;
Écouter le vent fou danser sur la forêt
Comme sur un brasier de flammes végétales ;
Recueillir un parfum dans un flot de pétales ;
Sucer le jus d’un fruit intarissable et frais ;
Ou bien vouer des mains aux caresses profondes,
Le soir, quand, sur sa couche amoureuse, la chair
S’illumine du large éclat de ses seins clairs ;
Dites ! n’y eût-il rien que ces bonheurs au monde
Qu’il faut les accueillir pour vivre, éperdument.

Ô muscles que je meus avec emportement !
Ô rythmes de mon sang qui m’allégez tout l’être
Et mêlez on ne sait quelle fièvre à votre cours !
Voici que mon cerveau se ranime à son tour
Et qu’il cherche et se tend pour découvrir, peut-être,
Dans l’univers profond un peu de vérité.
Et je tremble et j’exulte à ouïr le mystère
Parler comme quelqu’un qui parlerait sous terre,
Et le sol bat et mon cœur rouge et contracté