Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/194

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Cassant, entre ses mains, le sort
Des gens méticuleux et réfléchis
Qui s’exténuent, en leurs logis,
Vainement, à faire fortune ;
La Mort soudaine et importune
Les met en ordre dans leurs bières
Comme des fardes régulières.

Et les cloches sonnent péniblement
Un malheureux enterrement,
Sur le défunt, que l’on trimballe,
Par les églises colossales,
Vers un coin d’ombre, où quelques cierges,
Pauvres flammes, brûlent, devant la Vierge.

Vêtue en noir et besogneuse,
La Mort gagne jusqu’aux faubourgs,
En chariot branlant et lourd,
Avec de vieilles haridelles
Qu’elle flagelle
Chaque matin, vers quels destins ?