Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/195

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Vêtue en noir,
La Mort enjambe le trottoir
Et l’égoût pâle, où se mirent les bornes,
Une à une, qui vont là-bas, vers les champs mornes ;
Et leste et droite et dédaigneuse
Gagne les escaliers et s’arrête sur les paliers
Où l’on entend pleurer et sangloter,
Derrière la porte entr’ouverte,
Des gens laissant l’espoir tomber, inerte.

Et dans la pluie indéfinie,
Une petite église de banlieue,
Très maigrement, tinte un adieu,
Sur la bière de sapin blanc
Qui se rapproche, avec des gens dolents,
Par les routes, silencieusement.

Telle la Mort journalière et logique
Qui fait son œuvre et la marque de croix
Et d’adieux mornes et de voix
Criant vers l’inconnu leurs espoirs liturgiques.