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IV


La sainte, ta patronne, est surtout vénérée
Dans nos pays du Nord et toute la contrée
Dont je suis à demi, la Lorraine et l’Ardenne.
Elle fut courageuse et douce et mourut vierge
Et martyre. Or il faut lui brûler un beau cierge
En ce jour de ta fête et de quelque fredaine
De plus, peut-être, en son honneur, ô ma païenne !
 
Tu n’es pas vierge, hélas ! mais encore martyre
Non pour Dieu, mais qui te plut. (Qu’ont-ils à rire ?)
À cause de ton cœur saignant resté sublime.
Courageuse, tu l’es, pauvre chère adorée,
Pour supporter tant de douleur démesurée
Avec cette fierté qui pare une victime,
Avec tout ce pardon joyeux et longanime.

Et douce ? Ah oui ! malgré ton allure si vive
Et si forte et rude parfois. Douce et naïve
Comme ta voix d’enfant aux notes paysannes.