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louise leclercq

de la musique et de la littérature courantes par son outrance.

Rentrés à l’hôtel et couchés, comme Louise avait joui de toute cette intimité du linge dernier, du lit à deux, de l’entrée à corps perdu dans les bras, sur le sein, dans tout l’être l’un de l’autre ! Doucet bien qu’assez habitué à des fêtes analogues mais qu’incomparables ! n’en revenait franchement pas de ce qu’il aurait pu appeler sa gloire. Par moments il se pressait le front dans une main et accoudé sur les oreillers, regardait un gros moment Louise, puis le plongeait sous l’épaule d’elle, aux longs cheveux d’ombre d’or. La bougie s’éteignit. Ils s’en passèrent et le petit jour les retrouva joyeux et plus réveillés que lui.

Deux heures après, tout en s’habillant sous mille baisers et caresses partout, au cou, sur le dos, au long des reins et des jambes, sur les pieds et au bout de chaque doigt, de l’endiablé Doucet, Louise écrivit au crayon, vite et mal, comme pour se débarrasser d’une corvée, le mot suivant à ses parents :


Je pars. Rassurez-vous. Je suis et serai heureuse. Prenez pour les écritures Mlle Moreau. C’est une bonne femme qui me remplacera avantageusement.

Votre fille qui vous embrasse.

Louise.