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mes prisons


Irrémédiables ?

Peut-être non, car Dieu est miséricordieux et m’a encore envoyé le malheur, ruine dans les circonstances les plus navrantes vraiment, vraiment ! déceptions, trahisons par le prochain scandalisé : dame ? aussi ? Peut-être non. Mais cette lâcheté, cette mollesse, cet entêtement derechef dans l’impénitence, entêtement instinctif, quasiment bestial…

Un faux accueil m’attendait à Paris : l’hypocrisie, le mensonge, finalement le vol, habile et cauteleux, comme plausible, de quelques billets de banque que je rapportais. Mon exaspération à ce sujet me valut dès le surlendemain un désagrément qui eût pu tourner pire, n’eût été ma modération devant la situation donnée. Une querelle très violente dans mon escalier fit venir le concierge qui appela les agents. Ceux-ci, prenant ma colère et sa véhémence pour les suites de stations trop prolongées aux lieux où l’on boit, me fourrèrent, ô pour une heure ou deux… au poste non sans inutile brutalité.

Vous décrirai-je encore ces scènes policières grotesques et, somme toute, abominables plus encore que bêtes ? Assez, n’est-ce pas, d’écœurements de ce genre. Je finis par ne plus en pouvoir à force d’évocations pénibles…

Moi le triomphateur de là-bas, l’acclamé, le choyé à l’étranger, le lendemain de mon retour, au poste ! et même pas gris !