Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/141

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VIII


Ô l’absence, le moins clément de tous les maux !
Se consoler avec des phrases et des mots,
Puiser dans l’infini morose des pensées
De quoi vous rafraîchir, espérances lassées.
Et n’en rien remonter que de fade et d’amer !…


Ainsi ratiocinait ma mélancolie naissante d’être loin de « Celle que j’aimais », car décidément je l’aimais, surtout depuis qu’elle m’avait en quelque sorte agréé par écrit, en cachette… de son père seul, — mélancolie qui finit plus tard par tourner, pour mon propre dam et ce qu’il fallait qu’elle ignorât et qu’elle ignora jusqu’à la fin d’une interminable « cour » de tout près d’un an, en une pénible, agaçante attente que tout allait aggraver, on le verra plus loin, jusqu’à ce que je devinsse, littéralement.


Impatient des mois, furieux des semaines


Mais, pour l’instant, je n’avais guère à ne me plaindre que


Du doux mal qu’on souffre en aimant.


De petits billets échangés par l’intermédiaire du bon Sivry, missives innocentes de la part de ma