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confessions

bon voyage ? où en étaient les céréales là-bas ? et ainsi de suite, — quand entra la demoiselle vue la première fois


En robe grise et verte avec des ruches.


Par un phénomène qui s’explique, je ne me souviens plus de son costume de ce soir-là. J’étais tout à la face et à la figure en général d’elle qui me parut la même, charmante, mignonne… Elle s’assit, après que je lui eus doucement serré ou plutôt pressé les fins doigts de sa main droite, dans le cercle que nous formions aux environs d’une grande table-guéridon chargée d’albums et d’un vase de la Chine aux fleurs qui sentait des meilleurs.

Évidemment il y avait de la timidité, beaucoup de timidité dans son fait et dans son attitude, et de l’émotion évidente ; et pour ma part, je crois bien qu’à cet instant je ne brillai pas non plus par trop d’aplomb. Ravissante sensation, prologue délicat, comme surnaturel, aux suprêmes rapprochements. Elle me parla, je lui répondis, le tout banal, innoçâtre, si j’ose ainsi barbarifîer, mais charmant tout de même et… précisément !

Je me retirai au bout d’une petite heure, après permission demandée et obtenue d’une visite pour le lendemain, — absolument conquis cette fois.


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