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confessions

Galaor » et conclut : « Soyez bien sage et je guérirai bientôt, tout exprès pour vous. Seulement venez prendre tous les jours de mes nouvelles… et continuez à me faire des vers. Vous voyez, d’ailleurs, je vous ai là, toujours à portée de moi. »

Et elle me désignait la photographie dont il a été question.

Je me retirai sur un signe des parents. L’accès de lucidité avait cessé et tout en refermant cautieusement la porte, j’entendis la faible voix chantonner et comme vagir…

À ma douleur très réelle et, comme toute très réelle douleur morale ou physique, très chaste, se mêlait, dois-je l’avouer, une manière de vilain désapointement que je me blâmais en rougissant presque, si j’ose ainsi dire, mentalement de ressentir, une déconvenue comme qui dirait charnelle. Alors voilà mon mariage remis aux calendes grecques ! C’était bien la peine de tant s’abstenir, de tant jeûner… et j’étais comme qui dirait honteux de trouver le nom à donner à l’abstinence, au jeûne impliqués… Et j’étais à part moi-même comme quelqu’un à qui, excusez l’expression vulgaire pour caractériser un sentiment vulgaire, on aurait promis plus de beurre que de pain et à qui il ne reviendrait ni pain ni beurre.

Mais ce grossier chagrin, plutôt animal, pour tout dire, passa vite et ne tarda pas à faire place à la