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confessions

plus à mesure que s’élucidait mon récit réitéré, et qu’elle me cachait mal, d’ailleurs, fut ce que murmurait encore quelque chose, ô de si faible, en mon agité, en mon tumultairement contradictoire for intérieur :

— « C’est impossible, c’est tout à fait impossible ! »

Impossible, évidemment. Mais sûr, ô qu’oui, hélas ! et je lui montrai un journal que j’avais acheté en route.

Alors elle s’attrista, le dirai-je, jusqu’aux larmes, ce qui me fit pleurer à mon tour. J’entrai dans la plus grande exaltation et ce fut, après d’infinies lamentations réciproques, que, tombant à genoux et la tête presque sur la jupe de son peignoir blanc tout simple qui grandissait un peu sa petite taille et, un peu aussi, angélisait son corps plutôt légèrement disposé à devenir potelé, je finis par oser lui faire comprendre, à travers combien de précautions (mais peut-être était-elle, depuis le soir du baiser sur la bouche, plus instruite de ce qui l’attendait dans l’état de mariage) qu’il serait cruel, inhumain à elle, et préjudiciable à tous deux, quoi qu’il arrivât et au cas où, le lendemain, on nous refusât, aux termes du décret impérial, de prononcer la formule d’union tant attendue, de ne pas m’accorder, avant le départ pour le régiment, tout ce que je lui demanderais, fût-ce cette chose complémentaire dont lui avait