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confessions

d’autrefois où il y avait place pour deux, et écrit sur la porte aux vitres dépolies depuis des temps immémoriaux : « Le pubic n’entre pas ici. »

Mes occupations consistaient à parcourir les journaux et à en signaler les articles favorables ou hostiles à la Commune. J’étais aidé dans ce travail peu dur, par un homme d’une cinquantaine d’années, que j’ai eu depuis des raisons de croire avoir été un mouchard déguisé en communard trop fanatique, qui découpait et collait sur de grandes feuilles de papier vergé, les paragraphes incriminés, sillonnés préalablement par moi de soulignés au crayon rouge et bleu, et reliés entre eux par de vigoureux commentaires de ma façon. À quatre heures, j’allais porter « l’ouvrage » au cabinet du membre compétent. Qu’advint-il de ces rapports ? je n’en sais rien, car l’incendie postérieur de l’Hôtel de Ville fit disparaître totalement toutes pièces administratives d’entre les miennes, en compagnie de plusieurs choses en vers et en prose dont je déplore moins la perte que je ne me reproche l’assez sot rôle que j’avais joué là pendant ces deux mois d’illusions, par le fait généreuses, que je ne regrette pas, somme toute, d’avoir eues, elles.

Donc, j’étais passablement inquiet de l’avenir tout proche quand, le lendemain d’un soir de la fin de mai où j’avais, quel spectacle d’affreux cabotinage ! assisté à une réunion publique dans l’église