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I
Mon cher,


Vous m’avez manifesté le désir de lire, par lettres, un court récit de mon voyage en Hollande.

Voici, en quelques pages que je veux faire les plus remplies possible.

Invité par un groupe d’artistes et de littérateurs de là-bas à donner chez eux une série de conférences, j’accédai bien volontiers à leur désir, ayant toujours été curieux de ce pays que l’ingrat Voltaire, son hôte de corps et d’esprit, dénonce comme plein « de canaux, de canards et de canaille », de ce pays qu’à mon tour je proclame plein, évidemment de canaux et de canards, mais plus encore de talent héréditaire et de traditionnelle histoire restée.

Le 2 novembre 1892, le jour, précisément, des Morts, bon augure, je partis par la gare du Nord dans grâces à des fonds miraculeusement venus des Pays-Bas, un wagon spécial de première classe, sinon en vrai souverain, du moins en prince encore très sortable — : miroirs aux panneaux, tablettes