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les hommes d’aujourd'hui

lui gouvernant, l’on pourrait écrire en paix, tandis qu’avec ces gens-ci !… »

Tout Edmond de Goncourt était et est dans ce mot plus d’artiste que de littérateur, à mon sens, du moins.

Frémissant encore du coup terrible de la mort d’un frère et d’un ami, et d’un camarade, et de cet esprit charmant qui avait été Jules de Goncourt, il passait indifférent à ce véritablement beau spectacle d’un peuple en armes encore après tant d’héroïsme exploité par précisément ce Thiers-là ou ses congénères, il passait indifférent parce que une vision plus suprême encore le fascinait, lui, pendant mon extase à moi, juste aussi.

La célébrité, l’admiration ont visité sur le tard Edmond de Goncourt. Les jeunes gens adorent ce féminin et ce robuste dont la haute taille un peu penchée par la pensée symbolise admirablement son talent fin et fier. L’aristocratie même de sa conversation amère n’est pas pour déplaire à cette génération triste et forte qu’ont faite les choses et les œuvres de ce tout dernier quart de siècle.

Tout a été dit sur les œuvres de M. Edmond de Goncourt.

La Fille Elisa, âpre étude qui complète en l’assombrissant encore Germinie Lacerteux, les Frères Zemganno, évidente autobiographie cruelle et douce, allégorie intense ; cette terrible, cette ado-