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les hommes d’aujourd'hui

Parnasse contemporain, de pourtant orageuse mémoire, n’avait soulevé pareils combats de plume. Il faudrait remonter jusqu’aux luttes du Romantisme pour trouver de dignes analogues à ces Eylau, à ces Moskowa de lettres.

Le champ de bataille si chèrement disputé resta définitivement aux poètes, et Vanier fut loin de se plaindre du résultat. Sans précisément déborder et ruisseler, ses caisses montèrent et bruirent joyeusement, fleuve encore endigué, mais gare à l’imminente inondation !

Ici, quoique j’en aie, s’impose un parallèle à la Plutarque entre Vanier et son heureux devancier, Lemerre. Leur situation initiale est tellement semblable que la tentation se fait irrésistible. Lemerre commence, lui aussi, après les premières luttes pour la vie, par des entreprises étrangères à la littérature actuelle, et c’est, comme Vanier suscité par Paris moderne, du fait d’un journal, l’Art, rédigé principalement par Louis-Xavier de Ricard fondateur, Catulle Mendès, Charles Joliet, Edmond Lepelletier et Paul Verlaine, qu’il se voit amené à s’occuper des Parnassiens. Le succès foudroyant du Passant, dont Vanier attend encore le pendant, mais que peuvent lui faire patiemment attendre ses bonnes affaires de librairie décadente, lance Lemerre et en fait bientôt le gros monsieur d’aujourd’hui.

L’amour et l’intelligence communs de leur métier,