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les hommes d’aujourd'hui

(le style, concision et verve, toutes vertus et qualités castillanes, ne furent et ne sont pas pour démentir ces belles nostalgies.

Littéralement peut s’appliquer à René Ghil, en tenant compte des différences d’époque, d’âge et de sexe, l’éloge qu’on vient de lire. Seulement, ici, au lieu de rencontrer un artiste prodigieux, mais plutôt ou surtout instinctif, l’on a à compter en lui avec un cas des plus intéressants d’esthétique transcendantale. Et j’emploie ces grands mots, contre mon habitude, sans sourire, car René Ghil doit être considéré comme le premier — ou alors l’un des tous premiers des jeunes poètes, et en tout état de cause le plus affirmé d’entre eux, le plus en dehors, le plus visible pour le sérieux, pour le grave, pour le poids et l’imposant de sa tentative. Décadent ou Symboliste ou l’un et l’autre, n’importe, en admettant que l’un diffère de l’autre ; que décadent qui est pittoresque et historique comme gueux et sans-culottes, et symboliste qui est amusamment pédantesque, — tels euphuiste et tutti quanti, signifient ceci ou cela, peu ou prou ou, encore, rien, — René Ghil représente la génération levante d’ouvriers en vers, et fortement, par l’exemple et le précepte.

De son enfance écoulée en pleine campagne dans les Deux-Sèvres, à Melles, où dernièrement il s’est marié et semble résolu à se fixer, il rapportait