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les hommes d’aujourd'hui

chon. À quoi bon des noms ? Pourtant Villon et Marot, La Fontaine, puis Banville et Glatigny se commémorent ici de fait et de droit. Ponchon a aussi de Monselet certaines grâces et c’est tout. Rien en lui, après ces incontestables rapports avec des esprits congénères, que de pleinement « genuine ». Son funambulesque n’est jamais souvent satirique et parfois doux-amer comme celui de Banville, non plus que sa finesse en quoi que ce soit épicurienne à la façon d’ailleurs exquise de Monselet. Non, sa bonne humeur éclate tout en belle humeur sans plus, et s’il rit ou sourit, c’est virtuellement et bien pour le plaisir. D’où pour moi le poète sui generis et général en lui, le poète par excellence et de préférence, le poète pur et simple si vous aimez mieux. Il n’est dans ses vers ni évidemment préoccupé de théories esthétiques, ni agité de passions politiques, ni mû par des principes de morale… ou du contraire, je me hâte de le dire pour rassurer tout le monde. La raillerie dont il use, toute pittoresque, atteint sans blesser, non qu’il n’ait souvent de bonnes étrivières au service des sottises par trop indignes d’indulgence et de toutes les laideurs. Nulle ironie dans le sens méchant et triste du mot. Une sérénité divine, pour ainsi parler, règne dans ses Chroniques rimées si solides de nombre et de son, d’un si savoureux beau français qui donne comme l’impression du faire robuste et râblé de