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confessions

trop, — mais à un scrupule non exagéré, voilà tout, et ce serait déjà trop.

Le jour de mon entrée « à la pension », comme d’instinct, ou plutôt, d’instinct tout court, j’eus horreur, pas peur, horreur, non de la salle d’étude aux pupitres noirs, à l’odeur pédestre et encore autrement, à la chair cent fois repeinte en jaune-brun, cent fois s’écartillant, d’où nous dominait mal et maladroitement le pion détesté et en revanche haineux et injuste (pauvre garçon, poète ou étudiant par trop pauvre, ou, alors, pion de métier, il y en a, et de consciencieux, et de féroces, — et d’autres !), détestable en tout cas ; non du décor, triste malgré, pour un enfant, la nouveauté (Louis XVII au Temple) ; mais peur, mais horreur des camarades déjà disciplinés, indisciplinés devrais-je dire, profitant de la moindre occasion pour faire du boucan entre deux silences trop serviles pour être bien vraisemblables, ou dans des bras sur l’épaule ou sous la table témoignant deux à deux d’un zèle extrême à l’étude commune d’un texte à réciter tout à l’heure ou à remettre demain, au Lycée Bonaparte ou au collège Chaptal, dont l’Établissement était comme qui dirait un des suffragants.

Par-dessus le marché, comme j’étais entré à l’Institution vers quatre heures de l’après-midi et que la classe de la division des petits, dits élémentaires, étant en train, il importait de ne pas la dé-