Page:Verlaine - Jadis et Naguère, Vanier, 1884.djvu/124

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La torche tombe de sa main éployée,
Et l’incendie alors hurla s’élevant,
Querelle énorme d’aigles rouges noyée
Au remous noir de la fumée et du vent.

L’or fond et coule à flots et le marbre éclate
C’est un brasier tout splendeur et tout ardeur,
La soie en courts frissons comme de la ouate
Vole à flocons tout ardeur et tout splendeur.

Et les Satans mourants chantaient dans les flammes
Ayant compris, comme s’ils étaient résignés !
Et de beaux chœurs de voix d’hommes et de femmes
Montaient parmi l’ouragan des bruits ignés.

Et lui, les bras croisés d’une sorte fière
Les yeux au ciel où le feu monte en léchant
Il dit tout bas une espèce de prière
Qui va mourir dans l’allégresse du chant.

Il dit tout bas une espèce de prière
Les yeux au ciel où le feu monte en léchant…
Quand retentit un affreux coup de tonnerre
Et c’est la fin de l’allégresse et du chant.