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SAGESSE


Et pourtant je vous cherche en longs tâtonnements,
Je voudrais que votre ombre au moins vêtît ma houle,
Mais vous n’avez pas d’ombre, ô vous dont l’amour monte,

Ô vous, fontaine calme, amère aux seuls amants
De leur damnation, ô vous toute lumière
Sauf aux yeux dont un lourd baiser tient la paupière !


III




— Il faut m’aimer ! Je suis l’universel Baiser,
Je suis cette paupière et je suis cette lèvre

Dont tu parles, ô cher malade, et cette fièvre
Qui t’agite, c’est moi toujours ! il faut oser

M’aimer ! Oui, mon amour monte sans biaiser
Jusqu’où ne grimpe pas ton pauvre amour de chèvre,
Et t’emportera, comme un aigle vole un lièvre,
Vers des serpolets qu’un ciel cher vient arroser.