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LE PARTI SOCIALISTE.

Dans l’ordre politique, l’Église annule tous les droits de l’homme et tous les droits de la nation. Le droit divin était le fondement de l’ancienne monarchie et la rendait inviolable. Les rois étaient les représentants de Dieu sur la terre : toute résistance, toute lutte contre leur pouvoir absolu était insensée et sacrilége. Le pouvoir temporel du pape à Rome repose encore sur ces principes.

La révolution philosophique devait précéder et elle précéda effectivement la révolution politique. Les philosophes du dix-huitième siècle furent les précurseurs des révolutionnaires de 1789. Mais après que les philosophes l’eurent dépouillée de son autorité morale, les révolutionnaires durent encore se préoccuper d’enlever à l’Église ses priviléges politiques et sociaux, car toujours elle a assis sur le pouvoir temporel son pouvoir spirituel. Le clergé sous l’ancien régime formait une féodalité beaucoup plus puissamment organisée que la noblesse.

Un des principes essentiels du droit moderne, c’est que la religion doit rester en dehors de l’État et n’être qu’une affaire de conscience individuelle. Mais, en dépit de ce principe, l’Église est restée étroitement unie à l’État. Ses ministres, payés sur le budget, sont de véritables fonctionnaires ; ses dignitaires font partie des grands corps de l’État ;