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LE PARTI SOCIALISTE.

dans une société fondée sur le suffrage universel, ce n’est pas seulement la plus grande des iniquités, c’est encore le plus grand des dangers.

« N’est-ce pas en effet le comble de l’imprudence, » dit Proudhon, « que d’accorder l’égalité des droits politiques à des hommes de conditions inégales ? »

Il est évident que si l’ignorance et la misère sont des maux nécessaires, il est dangereux, il est insensé de remettre le pouvoir aux mains des ignorants et des misérables, qui forment la majorité de la nation.

Le suffrage universel a inauguré une politique nouvelle. La politique doit se transformer et devenir socialiste.

L’école libérale ne l’entend point ainsi.

Il faut voir en quels termes M. Jules Simon, dans son livre de la Liberté, anathématise les socialistes qui ont l’audace de soutenir cette idée subversive que la misère doit être extirpée du monde :

« Il y aura toujours de la misère, » dit M. Jules Simon. « C’est une mauvaise rhétorique que vous faites en exagérant toutes ces plaies que personne ne saurait guérir, vos déclamations sont à la portée du premier venu. Avez-vous un remède ? Il n’y a que cette question. Si vous en avez un, montrez-le ! si vous n’en avez pas, taisez-vous. Croyez-vous