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LE PARTI SOCIALISTE.

Cette vérité essentielle a été proclamée et reconnue par tous les esprits désintéressés, préoccupés avant tout de la vérité et de la justice.

Vauvenargues a fait justice en une phrase incisive des théories insolentes et puériles de la nature de celle de M. Renan : « Tandis qu’une grande partie de la nation languit dans la pauvreté, l’opprobre et le travail, l’autre qui abonde en honneurs, en commodités, en plaisirs, ne se lasse pas d’admirer le pouvoir de la politique qui fait fleurir les arts et le commerce, et rend les états redoutables. »

« L’état social, dit Sieyés[1], n’établit pas une injuste inégalité de droits à côté de l’égalité naturelle des besoins ; au contraire, il protège l’égalité des droits contre l’influence naturelle, mais nuisible, de l’inégalité des moyens. La loi sociale n’est point faite pour affaiblir le faible et fortifier le fort ; au contraire, elle s’occupe de mettre le faible à l’abri des entreprises du fort, et, couvrant de son autorité tutélaire l’intégralité des citoyens, elle garantit à tous la plénitude de leurs droits. »

Ainsi l’objet de la société est de corriger les inconvénients des inégalités naturelles ; en créant des

  1. Journal d’instruction sociale. Des intérêts de la liberté dans l’état social.