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qui envisage la question avec l’esprit pratique des Anglais[1].

M. Stuart Mill fait d’abord observer que l’instruction est une des choses dont il peut arriver que ceux qui en ont le plus besoin, soient ceux qui sentent le moins ce besoin, et dans tous les cas les gens sans culture n’auraient pas assez de lumières pour choisir l’enseignement qui leur convient ou qui conviendrait à leurs enfants. Il est donc indispensable que l’État intervienne pour les guider.

Il peut même intervenir pour contraindre les pères de famille à instruire leurs enfants. L’argument tiré de la liberté du père de famille contre l’instruction obligatoire n’est pas soutenable. Il y a un droit qui passe avant tous les autres, c’est le droit de l’enfant. Et l’État peut et doit intervenir pour protéger l’enfant contre un père dénaturé.

Mais il faut d’ailleurs se garder du monopole gouvernemental en matière d’instruction, parce que ce monopole pourrait devenir le pire instrument de la tyrannie. — « Un gouvernement qui

  1. Les réflexions de M. Stuart Mill que nous résumons sont extraites de son traité de la Liberté, et dans ce passage il s’attache à réfuter M. Dunoyer qui, dans son ouvrage sur la Liberté du travail, est opposé à toute intervention quelconque de l’État dans l’instruction.