Page:Vermorel - Le Parti socialiste.djvu/254

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à exploiter sa misère ou à le faire mourir de faim, s’il a été imprévoyant ou malheureux. De part et d’autre chacun ne songe qu’à abuser de ses avantages et à tirer parti des désavantages de son partenaire.

C’est le droit de la force dans toute sa brutalité, tempéré seulement par la ruse qui, en nombre de cas, ne fait que le rendre plus odieux. La société est en état de guerre.

Et ce qui achève de rendre cet état tout à fait funeste, c’est que le producteur et le consommateur ne sont pas le plus souvent directement en rapport, auquel cas ils pourraient arriver à s’apercevoir que leurs intérêts sont solidaires et à mettre un terme à un antagonisme fratricide. Mais l’un et l’autre sont la proie d’intermédiaires, qui les exploitent réciproquement et s’engraissent de leur substance.

On n’aurait pas de peine à établir que l’intérêt des producteurs et des consommateurs est identique, d’autant plus que tous les consommateurs sont en même temps producteurs, et tous les producteurs réciproquement consommateurs. L’ordre, l’équilibre, et l’harmonie ne tarderaient pas à résulter des rapports directs.

Mais il y a une classe d’intermédiaires dont les intérêts sont contraires à la fois à ceux des pro-