Page:Vermorel - Le Parti socialiste.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’existence de Dieu. La vérité serait donc de rendre inutile la vie future par l’amélioration de cette vie : de sorte que l’homme ne laisse pas échapper les biens de ce monde en attendant ceux du ciel, et qu’il préfère un bonheur limité, mais réel, a une félicité infinie qui n’a d’existence que dans l’imagination.

« D’autant plus, » poursuit-il, « que si Dieu est la consolation du malheur et de la pauvreté, il est aussi le rempart des persécuteurs. — Bien sûr la religion est consolante pour moi, mais très-peu pour les autres, car elle m’apprend à supporter avec une patience chrétienne, non-seulement mes propres maux, mais encore ceux d’autrui ; surtout quand je crois, comme doit le croire un chrétien, que les malheurs de l’homme sont la volonté de Dieu, des épreuves qu’il nous envoie pour notre salut. Où serait mon droit à ne pas vouloir ce que Dieu veut ?…

« N’est-il pas ridicule de procurer à l’homme une seconde existence avant de songer à lui prêter secours dans l’existence actuelle ? C’est ainsi que les chrétiens modernes, d’ailleurs si mondains et si frivoles, nous font voir par leurs preuves de l’existence future la vraie origine des maux de l’existence présente : ils sacrifient la destination réelle de l’homme à une destination imaginaire,