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fortune faite.

William J. Morlan était dans son magasin, lorsque M. Cascabel s’y présenta.

« Monsieur Morlan, dit-il, j’ai bien l’honneur… Je voudrais acheter un coffre-fort. »

William J. Morlan connaissait César Cascabel, et de qui n’était-il pas connu à Sacramento ? Depuis trois semaines ne faisait-il pas les délices de la population ? Aussi, le digne fabricant répliqua-t-il :

« Un coffre-fort, monsieur Cascabel ? Recevez tous mes compliments, je vous prie…

— Et pourquoi ?

— Parce que d’acheter un coffre-fort, cela indique que l’on a quelques sacs de dollars à y encoffrer.

— Comme vous dites, monsieur Morlan.

— Eh bien, prenez ceci, répondit le marchand, en montrant une énorme caisse, digne de trouver place dans les bureaux de MM. de Rothschild frères ou autres banquiers, qui sont généralement à leur aise.

— Oh !… oh !… du calme ! fit M. Cascabel. Il y aurait là de quoi loger toute ma famille !… Un véritable trésor, j’en conviens, mais, pour le moment, ce n’est pas elle qu’il s’agit de mettre sous clef !… Hein ! monsieur Morlan, qu’est-ce que cette énorme caisse pourrait bien contenir ?

— Plusieurs millions en or.

— Plusieurs millions ?… Alors… je repasserai… plus tard, quand je les aurai !… Non ! il me faut un petit coffre très solide, que je puisse emporter sous le bras et mettre au fond de ma voiture, lorsque je voyage.

— J’ai votre affaire, monsieur Cascabel. »

Et le fabricant présenta un coffre, muni d’une serrure de sûreté. Il ne pesait pas plus d’une vingtaine de livres, et était disposé à l’intérieur comme le sont les caisses d’argent ou de titres dans les établissements de banque.