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césar cascabel.

— Oui !… En en prenant la fin… e l i a. Je trouve même cela plus distingué !

— Ah !… César !

— Ça te fera plaisir, n’est-ce pas, d’avoir ton nom à la serrure de notre coffre-fort ?

— Oui, puisqu’il est déjà dans ton cœur !… » répondit Cornélia avec non moins d’emphase que de tendresse.

Puis, toute joyeuse, elle embrassa vigoureusement son brave homme de mari.

Et voilà comment, par suite de cette combinaison, quiconque ne connaîtrait pas ce mot Elia, ne pourrait jamais ouvrir le coffre de la famille Cascabel.

Une demi-heure plus tard, les enfants étaient de retour avec les provisions, du jambon et du bœuf salé, coupés en tranches appétissantes, et aussi quelques-uns de ces surprenants légumes que produit la végétation californienne, des choux arborescents, des pommes de terre grosses comme des melons, des carottes longues d’un demi-mètre, « et, disait volontiers M. Cascabel, qui n’ont d’égales que celles que l’on tire sans avoir le soin de les cultiver ! » Quant à la boisson, on n’a que l’embarras du choix parmi les variétés que la nature et l’art offrent aux gosiers américains. Cette fois, sans parler d’un broc de bière mousseuse, chacun aurait sa part d’une fine bouteille de sherry au dessert.

En un tour de main, Cornélia, secondée par Clou, son aide ordinaire, eut préparé le déjeuner. La table fut mise dans le second compartiment de la voiture, dit salon de famille, et dont la température était maintenue à un degré convenable par le fourneau de la cuisine, établi dans le compartiment voisin. Si, ce jour-là — comme tous les jours d’ailleurs — le père, la mère et les enfants mangèrent avec un remarquable appétit, cela n’était que trop justifié par les circonstances.

Le repas achevé, M. Cascabel, prenant le ton solennel qu’il donnait à ses boniments, lorsqu’il parlait au public, s’exprima en ces termes :