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II

famille cascabel


Cascabel !… Nom célèbre et même illustre dans les cinq parties du monde et « autres lieux », disait fièrement celui qui le portait avec tant d’honneur.

César Cascabel, originaire de Pontorson, en pleine Normandie, était rompu à toutes les finesses, débrouillardises et trucs du pays normand. Mais, si malin, si roublard qu’il fût, il était resté honnête homme, et il convient de ne pas confondre avec les membres trop souvent suspects de la corporation des bateleurs. Chef de famille, il rachetait par ses vertus privées l’humilité de son origine et les irrégularités de sa profession.

À cette époque, M. Cascabel avait bien l’âge qu’il paraissait, quarante-cinq ans, ni plus ni moins. Enfant de la balle, dans toute l’acception du mot, il avait eu pour berceau la balle que son père portait sur ses épaules, pendant qu’il courait les foires et marchés de la province normande. Sa mère étant morte peu après qu’il eut vu le jour, il fut recueilli fort à propos dans une troupe foraine, lorsqu’il perdit son père quelques années plus tard. Là se passa son enfance, en culbutes, contorsions et sauts périlleux, la tête en bas, les pieds en l’air. Puis, il devint successivement clown, gymnaste, acrobate, hercule de foire, — jusqu’au moment où, père de trois enfants, il se fit le directeur de cette petite famille qu’il avait créée de compte à demi avec Mme  Cascabel, née Cornélia Vadarasse, de Martigues en Provence.

Intelligent et ingénieux, si sa vigueur était remarquable, son adresse peu ordinaire, ses qualités morales ne le cédaient point à