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le pays des iakoutes.

peine les hameçons se furent-ils enfoncés par des fonds convenables, que les flottes s’agitèrent à la surface des eaux. Les poissons étaient si abondants le long des rives, qu’en une demi-journée, on en eût pu prendre de quoi faire maigre pendant tout un carême. C’était une joie pour le jeune Sandre. Aussi, lorsque Napoléone l’eut rejoint et lui demanda à tenir la ligne à son tour, il ne voulut point y consentir. De là, dispute et intervention de Cornélia. D’ailleurs, la pêche lui ayant paru suffisante, elle ordonna aux enfants comme au père de ramasser leurs engins, et lorsque Mme  Cascabel ordonnait, il n’y avait plus qu’à obéir.

Deux heures après, M. Serge et son ami Jean revenaient avec Wagram, qui se faisait un peu tirer l’oreille — au vrai et au figuré — car il regrettait d’abandonner ces taillis giboyeux.

Les chasseurs n’avaient pas été moins heureux que les pêcheurs. Aussi, pendant quelques jours, le menu des repas allait-il être non moins varié qu’agréable. Ce seraient les poissons du lac Iege qui en feraient les frais, et surtout l’excellent gibier, particulier à ces territoires de la haute Sibérie.

Entre autres, les chasseurs avaient rapporté un chapelet de ces « karallys », qui se groupent en compagnies, et aussi quelques couples de ces « dikoutas », volatiles stupides, plus petits que les gélinottes de bois, et dont la chair est très savoureuse.

On se figure aisément quel bon dîner fut servi ce jour-là. La table avait été mise sous les arbres, et aucun des convives ne s’aperçut qu’il faisait peut-être un peu froid pour festiner en plein air. Cornélia s’était surpassée dans la préparation des poissons grillés et du gibier rôti. Comme la réserve de farine avait été renouvelée au dernier village, ainsi que la provision de beurre iakoute, qu’on ne s’étonne pas si le gâteau habituel, doré et croustillant, fit son apparition au dessert. Chacun but quelques bons coups de brandevin, grâce à certains flacons que les habitants de Maksimova avaient consenti à vendre, et cette journée s’acheva sans que rien n’en eût troublé les heureux loisirs.